
RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES #03 - 2020
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Paysages effacés - Olivier Pasquiers
La carte du ciel - Eric Facon
Salle A.Fournier - Espace Culturel - Agon-Coutainville
03.10 > 18.10.2020
Eric Facon et Olivier Pasquiers travaillent tous les deux la matière humaine. Tous les deux posent l’individu face au vertige identitaire, qu’il soit familial ou environnemental. Tous les deux posent avec finesse la question de l’accueil de l’étranger en soi, de l’inconnu comme constituant de soi, à la surface des territoires comme dans les abysses des ADN . Sans tambours ni trompettes, sans laboratoires ni expériences génétiques, ils nous montrent que notre connaissance de notre propre famille est aussi impressionniste et virtuelle que notre positionnement dans un paysage familier; aussi difficile à exprimer, aussi subjective, aussi fictionnelle. Avec « la Carte du ciel », Eric Facon dessine des constellations familiales, éclatées dans l’espace et le temps. Les images sont contemporaines ou extraites d’albums de famille, les lieux vont de la Normandie, aux Etats-Unis ou Berlin. Les constellations sont autant faites des lignes artificielles qui relient les étoiles que de l’espace entre elles. Les familles sont autant faites d’amour que de mensonges, d’actes de mariage que de divorce, d’arrivées que de départs. Là où un arbre généalogique ne montre que des embranchements, la carte du ciel propose d’apprécier également les scintillements et les obscurités, et d’en remodeler les contours à l’infini. Les contours en constante évolution sont aussi ceux des « Paysages effacés » d’Olivier Pasquiers : ce sont des paysages changeants avec lesquels vivent au quotidien les habitants, pas ceux « muséographiés » que viennent chercher les touristes de passage. On les regarde avec eux, littéralement, de derrière leurs épaules. Par le flou, par la fixité de l’image, par les mots, par l’éclatement des prises de vues, on comprend tout de suite que la perception ne peut être que partielle, et que son exactitude n’est pas le propos. Ce paysage, on ne le verra pas. Entre lui et nous, il y a une personne, vivante, solide, qui le cache et le montre à la fois. Qui en est le media. C’est par elle qu’il existe, un instant, pour nous aussi, avec toutes les inconnues que la photographie révèle en creux : nous n’aurons ni les odeurs, ni les sensations, ni les bruits, et encore moins les souvenirs et les émotions. Le big data sous le crâne de chaque portrait est à jamais hors de portée, et il faut ici aussi en tracer les lignes imaginaires, apprécier les zones d’ombres et de flou. Que ce soit entre les membres d’une même famille ou les différents points de vue sur un territoire, les espaces, les creux et les trous ne font rien disparaître. Ils offrent au contraire une vue imprenable sur le vertige dont nous sommes faits.
Carine Dolek
S'INITIER

Atelier « paysage » d’Olivier Pasquier, 04.10.2020.
A partir de son exposition et de livres de photographes, Olivier Pasquiers a d’abord évoquer le paysage photographique avec les participants en mettant l’accent sur ses caractéristiques subjectives et sensibles. Un exercice pratique complète cette approche dans les rues d'Agon. A leur retour les participants pourrons aborder avec Olivier Pasquiers différentes questions esthétiques et pratiques, notamment sur la scénographie de son exposition.
Ateliers « portraits » d’Eric Facon, 10.10.2020
A partir des photographies de son exposition et à partir d’exemples pédagogiques sur sa pratique spécifique du portrait à la chambre 4x5’ pour cette exposition, Eric Facon a, à la fois apporter des précisions sur sa manière de faire, et, ouvert le regard des participants vers d’autres pratiques du portrait. A la suite de cette introduction les participants pourrons pratiquer le portrait de manière libre avec les conseils d’Eric Facon.